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  Petit Darrey : traversée NE-SW
solitaire
Alpes valaisannes
cartographie: OFT 1345
cotation: AD- III III+
style: alpin
Par la forêt des Planereuses - Lui Devant - Glacier des Planereuses - Grande Pointe des Planereuses SW/arête WSW - Col des Planereuses - Col de Tita Neire - Tita Neire arête SW - Petit Darrey arête NE/SW - Col de Saleina - L'A Neuve - La Fouly
dénivelé: [+2463] [-2047] 4510m
44ptsar

[14-07-2011 14:05] -Praz de Fort : Le Revers(1184m)
[14-07-2011 18:10] -Les Planereuses(2400m) BIVOUAC
[15-07-2011 07:25] -Les Planereuses(2400m)
[15-07-2011 09:40] -Grande Pointe des Planereuses (3151m)
[15-07-2011 11:00] -Col des Planereuses (3030m)
[15-07-2011 12:05] -Col de Tita Neire (3157m)
[15-07-2011 12:25] -Tita Neire (3175m)
[15-07-2011 12:35] -Col de Tita Neire (3157m)
[15-07-2011 18:20] -Petit Darrey (3508m)
[15-07-2011 19:35] -Col de Saleina (3390m)
[15-07-2011 21:24] -Pierre Javelle(2120m)
[15-07-2011 22:30] -Reuse de l'Amône (1680m) BIVOUAC
[16-07-2011 06:35] -Reuse de l'Amône(1680m)
[16-07-2011 07:00] -La Fouly centre(1600m)

[Praz de Fort : Le Revers|14-07-2011 14:05] - En reconnaissance pour une course CAS, en remplacement du Tour Noir, où je ne me vois pas trimbaler du monde, je pars pour visiter les itinéraires PD du coin.
L'amélioration météo annoncée pour le jeudi a eu du mal à s'installer.
Dans la forêt des Planereuses, je me gave de fraises des bois, parfaites cette année! La montée vers le torrent est très paumatoire, surtout lorsque je suis rentrée dans le brouillard vers 1700m. Grâce au bruit du torrent, j'ai pu m'orienter dans un terrain raide, délité et trempe! Espérant sortir du brouillard, je continue de monter, mais sentant le vent du glacier et aucun replat n'offrant une place de bivouac potable, je redescends un bout et m'installe sur le seul petit plat pas trop rocailleux.
Le brouillard pisse allégrement, mes chaussures sont trempées, peu de chance qu'elles sèchent, je me prépare à une longue nuit, blottie dans mon sac recouvert dans bien que mal d'une couverture de survie, sur mon matelas tout fin. Nuit humide à 200% et tout à fait inconfortable. 3h40, le brouillard est toujours aussi dense! 6h00, le soleil perce lentement et le brouillard commence à se dissiper, je vois quelques bout de ciel bleu et assiste à un lever de soleil aux airs fantomatiques au travers du brouillard. Je grignote, puis attends un rayon de soleil pour me chauffer un peu. Avec dégoût j'enfile mes groles détrempées... fourre mon sac de couchage humide dans sa housse et en route. J'étais bien là où je pensais, je remonte les roches moutonnées, le glacier s'est beaucoup retiré. Le soleil est bienfaisant!
Mon sac est lourd, j'ai mal aux jambes, mais l'endroit est magnifique et sauvage à souhait. Je prends pied sur le glacier et me dirige vers le col des Planereuses, puis remonte la face SW de la gde Pointe.
Petit déj'au sommet, puis descente par l'arête sur le col. Rejoins le glacier et le remonte en direction du col de Tita Neire. D'immenses rimayes le bordent et les crevasses du centre sont mal bouchées, du coup je prends pied sur les rochers de la face sud de Tita Neire et en diagonale rejoins le col. Montée au sommet et retour. En frimant l'accès à l'arête NW du Gd Darrey, je m'aperçois que le peu de neige et la glace rend celui-ci délicat. Je le supprime de la liste.
Puis j'attaque motivée, l'arête du Petit Darrey. Le topo ne dit pas grand chose, PD et 1h30. Une balade... Le premier bout est sympa, fait de blocs un peu délités, mais j'avance bien. Je me dis qu'en 1h ça sera avalé, malgré le poids de mon sac, qui ne contient pourtant pas grand chose, il semble. Oups, voilà que l'arête se fait plus sérieuse... un gendarme à traverser, sur le fil. J'essaie le flanc, mais le terrain est gravement délité, ça craint. Je tente de sortir par une dalle raide, mais un pas me manque. Agrippée à une fissure, je tire la corde de mon sac sans mouvement brusque, tout un art... Puis m'auto-assure tant bien que mal sur un becquet. Ouf, je suis sortie et rejoins l'arête au même endroit. Je traverse donc sur le fil bien gazeux à califourchon en m'auto-assurant. Arrivée à l'autre bout, bien sûr la corde est coincée ! Retour et rebelotte. Je continue, sereine malgré tout, dans ce terrain bien délité où il vaut mieux contrôler la solidité de chaque prise à deux fois. Le temps file est l'avance est lente. Je passe la corde parfois derrière un becquet, puis la ravale, reviens en arrière pour la décoincer, la dénoue, l'enroule en anneaux en bandoulière. Et continue, enchaînant les pas d'escalade bien engagés et pénibles avec un gros sac. Je me pose des questions sur la mise à jour des topos, en me disant que depuis 1908, il n'y a pas dû y passer beaucoup de monde. J'ai toujours porté une grande admiration aux alpinistes d'antan, mais là je me dis, soit qu'ils étaient vraiment doués et rapides, soit que je suis vraiment nulle et lente, soit que le terrain a dû bien se fracasser et en tout les cas, que la description du topo en deux lignes est plutôt maigre. C'est étrange que personne n'ait souhaité en rajouter ... allez savoir. Moi qui était partie pour une balade de PD! De temps à autre, je découvre un brin de cordelette, signe de passage humain rassurant. Et voilà un autre gendarme, puis encore une dalle inclinée, heureusement compacte avec de belles fissures. Au bout, elle tombe abruptement, pas moyen de désescalader.
Rien pour poser un anneau. Je reviens au début de la dalle et pose une cordelette rouge, qui sera la seule trace de mon passage. Le rappel doit se faire sur le fil, il s'agit de ne pas penduler. Puis encore quelques mètres dans la face sud pour rejoindre une vire, je passe juste la corde derrière un becquet et priant pour qu'elle ne se coince pas... elle revient. Je noue un lien particulier avec ce bout de fibre auquel je confie ma vie...Je deviens peu à peu efficace dans l'auto-assurage à deux balles.
En dénouant ma corde encore, je m'aperçois que j'aurais pu m'éviter ce rappel, en passant par une vire large de blocs. Bref...fallait le savoir. Enfin j'arrive sur un replat, petit monticule de pierrailles.
De là un couloir de sortie sur le glacier du Darrey, comme une vieille corde coupée le témoigne. En solo, à moins d'avoir envie envie de finir ces jours dans une crevasses du Darrey, le retour par ici est à déconseiller, c'est un champs de mine. Je vénère cette arête salvatrice, si on peut dire...Le dernier ressaut débute par un passage neigeux, glacé sous la surface. Encore une fois, à l'époque un nevé faisait l'affaire. J'essaie de trouver un moyen d'attaquer par les rochers directement sur le fil à gauche, mais l'escalade est trop difficile en solo. Je chausse les crampons pour cinq mètres raides en traversée, qui me permettent l'accès à droite à des rochers moins raides, mais plus délités et sors enfin au sommet! Je ne le sais pas encore, car une aiguille, mais qui se contourne et qui semble être le point le plus haut et en fait déjà sur l'arête ESE qui relie le Gd Darrey. 18h40, je me vautre sur une grande dalle plate au soleil, au son d'un hélico qui tourne au Tour Noir en espérant qu'il ne me croit pas en détresse. Effectivement l'arête était belle, mais un peu engagée pour un solo. Mon projet de suivre jusqu'au Grand Darrey tombe à l'eau, ça me suffira pour aujourd'hui, surtout que de descendre ensuite du Grand, ne sera pas une mince affaire, si c'est encore du PD genre AD- ! J'hésite à bivouaquer sur cette dalle confortable et encore ensoleillée pour un bon moment...mais le vent frais qui s'est levé et l'humidité de mon duvet, me font renoncer. Dommage tout de même, car une place pareille, au soleil couchant et levant, c'est tentant!
Après avoir juré tous les diables que je ne remettrai plus les pieds ici, j'ai déjà envie de revenir... je me pose des questions sur ma santé mentale en rigolant toute seule.

La voie de descente par le col de Saleina et l'A Neuve me semble le plus raisonnable, afin d'éviter les glaciers.
J'attaque l'arête SW - dite PD en espérant fort ne pas avoir de surprise. Effectivement, c'est facile. Un couloir de graille, un ressaut où anneau déjà prêt pour un rappel de 15m, si on ne veut pas désescalader, puis un gendarme à contourner, en comparaison du PD de l'arête NE, c'est du gâteau. La descente du col est plus facile qu'elle ne paraît, dans un terrain effrité mais pas trop raide, avec des vires à bouquetins plus solides. J'ai remis les crampons pour passer sur le névé, dernier bout en glace recouverte de graille. Descente sur le névé dur jusqu'à la morraine, puis descente sans passer par la cabane. Je recherche un camping confortable, mais que dalle, tout est pentu et rocailleux par ici! J'hésite sur un replat avant la Pierre Javelle, puis l'herbe trop mouillée me décourage. Je descends encore jusqu'aux vernes, toujours rien de potable. Je finis par arriver de nuit proche du camping et me pose dans un coin d'herbe rase. La nuit est fraîche, mais j'assiste à un lever de pleine lune magnifique et m'endors un peu transie, faut dire que mon pique-nique n'a pas beaucoup diminué. Au petit jour, ça caille sec! En voyant le soleil sur les sommets, je pense à mon camping au sommet du Darrey et m'imagine le soleil bienfaisant caresser ma peau. Cependant, je suis contente d'être en-bas. Je renfile mes godillots trempes, récolte quelques fraises et pars prendre le bus. L'après-midi, après avoir mis sécher mes affaires sur la terrasse, je file au lac, recharger mes batteries au soleil avec mes cop's.